Il est évident pour tout le monde que l’intelligence artificielle (IA) est au cœur des préoccupations actuelles, particulièrement dans le domaine de la création sous toutes ses formes. Face à cette réalité, il est crucial de comprendre comment l’IA influence et modifie notre manière de communiquer, tout en posant la question de sa capacité à remplacer ou non les métiers de la communication. Alors que certains voient en elle une menace potentielle pour l’emploi et la créativité, d’autres perçoivent l’IA comme un outil puissant qui peut enrichir et transformer le secteur de la communication.
L’IA ne prendra que la place qu’on veut bien lui donner.
-Karine Soyer, directrice de l’agence Heureux qui Communique
L’IA : rappel de la définition
L’intelligence artificielle désigne l’ensemble des techniques permettant à des machines de réaliser des tâches nécessitant normalement une intelligence humaine. Cela inclut des capacités telles que l’apprentissage, la perception, la reconnaissance de la parole, et la prise de décision. En communication, l’IA se manifeste sous diverses formes telles que la génération de contenu, l’analyse de données, et la personnalisation des messages.
Par exemple, les algorithmes d’apprentissage automatique peuvent analyser des tendances sur les réseaux sociaux pour aider à développer des campagnes publicitaires plus efficaces. Les outils de traitement du langage naturel peuvent générer des articles, des publications et des réponses automatiques, rendant la production de contenu plus rapide et plus efficace. Cependant, pour comprendre pleinement l’impact de l’IA, il est essentiel de démystifier ces technologies et de reconnaître leurs véritables capacités et limitations.
Vaincre la peur
Il est connu de tous qu’un certain scepticisme a frappé tous les domaines concernés par l’arrivée exponentielle de l’IA. Un sondage récent de CBNEWS montre que 26% des communicants voient l’IA de façon plutôt pessimiste, se posant des questions sur le potentiel remplacement de leurs métiers par celle-ci. Ce scepticisme est alimenté par des craintes légitimes.
La peur de l’inconnu joue un rôle majeur : la rapidité des avancées technologiques et la complexité des algorithmes d’IA peuvent sembler intimidantes, créant une anxiété généralisée quant à l’avenir de l’emploi dans ce secteur. Les professionnels s’inquiètent de voir leurs compétences rendues obsolètes par des machines capables d’automatiser des tâches créatives et intellectuelles. Enfin, il y a la crainte que des tâches jusqu’ici réservées à l’humain, en particulier celles qui nécessitent une créativité et une intuition profondes, soient prises en charge par des algorithmes, diminuant ainsi la valeur perçue du travail humain.
Faire la part des choses est important
Cependant, avec le temps, l’acceptance de l’IA a progressivement gagné du terrain. Dans le domaine de la communication, l’IA est désormais perçue comme un outil à part entière. Elle permet d’automatiser des tâches répétitives, d’analyser des volumes massifs de données, de faciliter la création et de personnaliser les interactions. Les professionnels de la communication ont compris que l’IA ne remplace pas leur créativité, mais la complète et l’enrichit. Cette capacité à traiter et à interpréter de grandes quantités de données en temps réel offre aux communicants des compléments précieux qui auraient été impossibles à obtenir manuellement, renforçant ainsi leur perspicacité, leur efficacité et leur pertinence.
Les limites de l’IA
Malgré ses capacités impressionnantes, l’IA ne peut pas tout faire. Il y a des limites à sa créativité. L’IA excelle à analyser des données existantes et à associer des idées pour en créer de nouvelles, mais elle ne peut pas partir d’une feuille blanche. La véritable innovation, la capacité de créer des concepts entièrement nouveaux, ayant un véritable sens, demeure une compétence humaine. L’IA manque de nuance, d’intuition et de subjectivité, qui sont propres à l’humain. Par exemple, dans la rédaction de scripts publicitaires ou la création de campagnes de branding, l’IA peut générer des contenus basés sur des modèles existants, mais elle ne parvient souvent pas à capturer les émotions ou les messages personnels qui résonnent avec le public. De plus, les algorithmes d’IA peuvent se baser sur des données biaisées, pouvant entraîner des résultats stéréotypés ou inappropriés.
Le facteur humain : l’exemple de Heetch
Un exemple marquant de la nécessité de l’apport humain est celui de Heetch. Cette entreprise de VTC a remarqué que l’IA générative d’image nommée MidJourney avait une très mauvaise image de la banlieue. En effet, lorsque l’on demandait à l’IA de générer quelque chose en rapport avec la banlieue, c’étaient toujours des images cauchemardesques qui en ressortaient. Les banlieues, souvent victimes de nombreux stéréotypes, étant leur principale cible géographique, Heetch n’a pas voulu laisser passer cela et a créé la campagne « Greetings from la Banlieue ».
L’entreprise a embauché des photographes pour capturer la réalité des banlieues françaises et les intégrer dans la base de données de MidJourney, corrigeant ainsi l’image stéréotypée qu’avait l’IA de ces lieux. Cet exemple illustre parfaitement la nécessité de l’intervention humaine pour apporter une dimension de vérité et d’authenticité que l’IA ne peut pas toujours capturer. L’IA se base sur ce qui la nourrit, et l’image de la banlieue qui est véhiculée sur le net ou dans les médias est souvent négative. On réalise alors que l’humain a autant besoin de l’IA que l’IA a besoin de l’humain. Le problème de véracité et d’originalité reste évident quant à l’IA. Comment créer des stratégies originales, personnalisées et assurer leur mise en place, leur réalisation, leur développement, leur contrôle et leur ajustement, en utilisant une IA dont les capacités sont limitées et qui se base sur des exemples déjà existants ?
L’IA, un outil au service de la communication
Finalement, il est important de comprendre que l’avenir réside dans la coopération entre l’humain et l’IA. Savoir comment utiliser l’IA, connaître ses forces et ses faiblesses, et l’intégrer intelligemment dans nos processus de communication est crucial. L’IA ne doit pas être vue comme une menace, mais comme un outil qui, lorsqu’il est utilisé judicieusement, peut décupler nos capacités créatives et opérationnelles. En embrassant cette évolution, les professionnels de la communication peuvent exploiter tout le potentiel de l’IA pour innover et explorer de nouvelles façons de transmettre des messages. Les entreprises qui réussissent à intégrer l’IA de manière stratégique verront leurs capacités décuplées. L’IA peut offrir des analyses prédictives, permettant une planification plus stratégique et une meilleure anticipation des tendances. À terme, cette collaboration pourrait redéfinir la communication, en la rendant plus efficace, personnalisée et réactive.
L’IA doit rester un outil au service de la communication. L’IA ne remplacera pas les métiers, mais les transformera et les enrichira. Au lieu de craindre l’IA, il est temps de l’accepter comme un partenaire utile et pertinent, mais pas omniscient !